Avec Somnambule, Tomasi change de peau

Le 2 octobre dernier, Tomasi sortait son deuxième EP Somnambule. Si le morceau phare est incontestablement le narquois Du Sperme sur Mon Peignoir aux sonorités trap, le titre éponyme est sans conteste le plus complexe et évolutif de toutes ses productions. C’est d’ailleurs lui qui clôture la partie visuelle de l’aventure, un nouveau clip comme une nouvelle étape où Tomasi passe du rouge au noir.

Le clip, tourné en snorycam (fabriqué par ses compères Greg et Théo Leroyer), a été réalisé avant et après le confinement. La particularité de cette technique est le placement de la caméra qui peut être placée à l’arrière ou devant l’acteur ce qui colle parfaitement à l’univers de l’artiste : immobile et interrogatif sur un monde dynamique qui l’entoure. Ainsi, il vogue en bord de Seine, dans un parking souterrain ou encore en plein concert au Pop Up du Label à Paris. Dans le style, on se rapproche grandement du générique de Bojack Horseman !

Dans une première partie effrénée, Tomasi semble perdu dans toutes ses pensées. Plongé dans une cité urbaine vide et sombre, il erre avec son fameux peignoir rouge. Cependant, la piste prend une tournure encore plus tourmentée et brumeuse en s’accélérant à coup électrique quand le personnage fait face à sa propre rédemption. Les images s’accélèrent et s’éclaircissent : Tomasi sort de sa bulle noctambule, arbore son nouveau peignoir noir et doré. Dans le texte, les mots sont simples et contemplatifs, rien n’est surfait. Les questionnements personnels du personnage s’universalisent par leurs authenticités non manichéennes et se transvasent dans nos propres pensées.

Le titre prend ensuite une tournure plus rock & punk et dégage une pulsion de plus en plus nerveuse et rapide au fil des secondes. La fin est explosive comme l’est l’état d’esprit du personnage : à la fois éclairé et troublé sur le monde qu’il l’entoure. Le peignoir noir est enfin plus régulièrement enfilé, Tomasi évolue et décide de prendre les devants : la seule réponse, c’est pas de question !

Le single s’accompagne de deux titres inédits. Le premier, nommé Sudoku sorti sur Confiné-e Records, développe un style rap fragile lo-fi. Assez ironique, il nous narre de manière rétrospective sa volonté de trouver sa place en tant que Tomasi. Le deuxième, Ascendante enregistré en acoustique en direct chez 36_15 radio, dessine un étau amoureux sur des trajectoires différentes. Le morceau est d’une simplicité détonante et démontre l’étendue du spectre musical où peut s’imprégner l’artiste.

La suite des aventures de Tomasi se poursuit à La Bulle Café de Lille le 12 septembre 2020 où il défendra son projet Kimono hors de Paris pour la première fois. Ce mini-festival d’un soir de la scène émergente français a déjà accueilli TERRIER, Ian Caufield, Trente, Thx4crying entre autres. En prime, la Face B effectuera un DJ set pour son anniversaire lors de cette soirée. On espère vous voir nombreux !