Arca, absence de genres

La compositrice Arca est de retour pour son quatrième album studio : KiCk i. A seulement 30 ans, la musicienne non-binaire est une figure emblématique de la scène électro expérimentale. Son parcours se trace dans l’ombre du mainstream, mais toujours dans un succès d’estime.

Personne ne fantasme sur une possibilité que la compositrice Arca puisse percer auprès du grand public. Sa musique est réputée expérimentale, mystique, presque inaccessible… Son style a toujours divisé, mais c’est dans cette radicalité créatrice que Arca se sent le mieux, comme le prouve ce nouvel album : KiCk i.
La discographie de l’artiste prend place à travers un étape de vie importante : sa volonté d’assumer son homosexualité et sa non-binarité, sujet qui est abordé d’emblée dans le premier morceau de KiCk i : Nonbinary.
Arca s’inscrit depuis déjà longtemps dans la scène pop expérimentale LGBT, scène dans laquelle on peut nommer notamment Charli XCX, SOPHIE (qu’on retrouve au chant et à la composition sur le titre La Chiqui), et d’une certaine manière en France, Christine And The Queens finalement.

L’électro-pop permet d’exprimer librement ce refus de la norme en choisissant des sonorités dures, des structures difficilement identifiables… Les morceaux semblent aussi vivants que le veut cette génération qui assume mieux mais non sans complexes sa sexualité. Malgré cela, KiCk i est étonnement moins sombre que ses prédécesseurs, certains morceaux comme KLK, en featuring avec ROSALIA, se rapprochent finalement d’un tube dansant pour des heures tardives en club. Après plusieurs écoutes, ce qui est déjà assez notable pour un album de Arca tant la musique demande une ouverture d’esprit certaine, on se rend compte que ce nouvel opus est peut-être l’un des plus accessibles. Depuis un certain temps, l’artiste vénézuélienne prête sa voix à ses morceaux, permettant de les personnifier plus que jamais pour évoquer ses enjeux personnels. On peut d’ailleurs l’entendre chanter en espagnol, sa langue natale.

Ce style presque nihiliste a notamment pu plaire à bon nombre de savants fous de l’industrie : Kanye West (sur l’évident album Yeezus), FKA twigs et surtout Björk qui trouve en la musicienne son moteur de créativité, devenue sa productrice quasi-attitrée depuis l’album Vulnicura en 2019. Arca fait partie de ces rares producteurs et productrices à ne pas du tout édulcorer son style sur ses collaborations pour d’autres interprètes : un morceau de Arca se remarque et s’apprécie, qu’il soit dédié à un autre artiste en guise d’instrumental ou comme morceau à part entière dans un album.

La musique de Arca ne sera jamais véritablement accessible, il n’empêche que KiCk i sera sans doute l’album que vous recommanderez à vos potes pour entrer dans le cerveau surréaliste de l’artiste vénézuélienne. Bonne surprise pour certains, perte totale de repères pour d’autres, l’expérience en vaut la peine.