Alkpote, un monument qui surprendra toujours.

Cela fait bien longtemps que Alkpote sillonne les différents chemins du rap français. Pour cet opus, l’Empereur a décidé de se radoucir, mais c’est pas pour autant qu’il a perdu son sens de la punchline.

Avec quasiment 20 ans de carrière, Alkpote a encore des ressources et son envie de rapper semble loin d’être partie. Loin derrière lui, l’époque où DJ Weedim l’épaulait, pour son quatrième albums studio, il a décidé de confier ses productions à BBP, notamment connu pour le travail qu’il réalise avec PNL. Connu pour son personnage et ses phases plus loufoques les unes que les autres, celui qui s’auto-proclament l’Empereur de la crasserie fait encore une fois honneur à son titre comme le laisse témoigner la pochette réaliser par le maitre Fifou.

Profitez de sa vie d’artistes tout en vivant avec des Cicatrices qui ne partent pas. Voilà les propos avec lesquels Alkpote commence son album. Une vision qui fait écho à sa longue carrière et aussi aux clichés qui colle à l’artiste. Malgré cette vision, il termine par une bonne dose d’égo-trip mérité avec cette phase : « Vous êtes tous mes fils », faisant écho aux différentes jeunes rappeurs qu’il a pu inspirer. Le rappeur continue de se délivrer à sa manière dans Flammes. Car oui, avec Alkpote on est bien loin d’un artiste se mettant à nu. Mais on peut ici en apprendre un peu plus sur ce personnage et son mode de pensée. Viens ensuite le morceau le plus inattendu de la discographie de l’empereur. Alors premièrement parce qu’il est en featuring avec l’excentrique Philippe Katherine, mais ce n’est qu’un détail. Le clip est à lui seul plus excentrique et déjanté que les deux artistes réunis. On y retrouve une ambiance de Noël familiale, comme le laisse transparaitre l’instrumentale de BBP. Une bonne dose d’Amour bien crâde servie par deux personnages haut en couleurs. Le changement d’atmosphère est brutal car après ce morceau festif, on est plongé dans les notes sombres et le flow agressif de Revolver. Une ambiance que l’on retrouve dans le titre suivant, Aigle, qui a d’ailleurs été gratifié d’un superbe clip réalisé par Blacktrees studio. A noter aussi que l’on retrouve un refrain chantonné assez inhabituel pour l’empereur mais appréciable.

Connexion franco-belge, car l’empereur a invité Roméo Elvis sur le planant Jamais. Un morceau plus calme, boosté par le sens de la formule d’Alkpote et les notes de saxophone de la prod. Un regain d’énergie sur Béni avant d’arriver au monstre Nautilus en collaboration avec Kaaris. Un morceau aux ambiances aquatiques où les deux géants de la rime salasses vont titiller le monde de Poseidon. Les morceaux Récital, dans lequel l’artiste parle un peu de sa carrière et de son évolution dans le milieu de la musique et Piment continuent dans une veine énergétique et égo trip pour arriver à une autre connexion avec un personnage important du 93, Kalash Criminel. Dès les premières notes on comprends que le morceau n’est pas là pour rigoler. Et encore plus quand les rayons gammas envoyé par l’empereur se font entendre dans l’instrumentale. Mais le morceau arrive avec l’entrée tout en finesse du rappeur cagoulé. Ce dernier nous gratifie aussi de son sens de la formule sur ce titre, Patek.

A 5 morceaux de la fin de ce 16 titres, il est venu le temps de faire redescendre un petit peu cette énergie débordante, et c’est chose fait avec Saltimbanque. Malgré un léger regain d’égo-trip dans Pactole, le morceau Splash est beaucoup plus planant voir même légèrement dansant (il ne faut pas abuser non plus). Viens ensuite, peut-être le morceau où on en apprends le plus sur Alkpote. Car oui, malgré son apparence, on y ressent le côté marginal et solitaire du rappeur ainsi que certains de ses regrets. Pour conclure, comme tout bon gastronome, l’empereur nous propose un petit Digestif. Ce dernier termine l’album en douceur avec un flow astrale.

Cet album, tout comme le personnage Alkpote est surprenant. Mais là où le rappeur surprenant par sa marginalité, son sang-froid, son amour de la crasserie et son flegme, cet album apprend justement un peu (parce que sinon cela serait trop simple) comment ce personnage a pu se construire et comment il vit les clichés accolés à ses caractéristiques. Même au niveau de la musicalité, l’empereur sort de sa zone de confiance en ayant laissé BBP aux commandes. Une sage décision car cela rajoute une ambiance spatiale et lunaire. Un pari réussi pour Alkpote.