De l’Afrique du Sud jusqu’à Mars, le voyage sans limites de Muzi

De retour avec son 4ème album, le chanteur et producteur Muzi dévoile début octobre Interblaktic. Le « Zulu Skywalker » pousse son propre style dans ses retranchements à travers 16 morceaux aussi dansants que profonds.

Une fois l’écoute d’Interblaktic achevée, une conclusion nous vient tout de suite en tête : ce nouvel opus dans sa discographie confirme son statut de fer de lance de la musique sud-africaine. Muzi ouvre son disque avec une alerte : « There seems to be a lot of black people on Mars ». Pour cause, dans son dernier clip, l’artiste zoulou se déchaîne dans un décor semblable à la planète rouge. La couleur est alors annoncée : Interblaktic n’est pas qu’un hommage à ses racines, c’est aussi un projet voulant pousser la musique électronique plus loin encore. Peut-on parler d’un style futuriste ? Et comment ! On se plonge même dans un album afrofuturiste.

Le morceau d’ouverture éponyme installe un climat minimaliste et dansant, proche de la chicago house… Mais ne tombez pas dans son piège : la suite n’en est que plus diversifiée. Juice s’écoute comme un tube de Justice revisité à la sauce sud-africaine, une référence à la bubblegum music des années 80 en Afrique du Sud.

Quelques titres plus loins, Muzi nous chante une critique romantique des réseaux sociaux sur I Know It, une production entêtante de Kaytranada. Enfin, un titre tel que Tsi, en collaboration avec le chanteur sud-africain Espacio Dios, laisse exploser toute la magie de la musique qui a bercé l’enfance de Muzi.

Ainsi, l’artiste nous offre un panel très large de rythmes sur lesquels danser, un voyage aux multiples escales dans des clubs américains, européens et africains.
Tout en défrichant ces tendances, Muzi n’oublie pas d’où il vient : il confiait à Numéro qu’il souhaite mettre en avant sa culture, que tout le monde sache qu’il est zoulou. Ce n’est pas pour rien qu’il est considéré dans son pays comme un talent ayant redéfini la dance music.

Un appel à la fête global où chacun peut s’y retrouver, mais l’album ne se limite pas à ça : Muzi s’y confie, notamment au travers de poèmes transcendants comme Ngawe, où il y parle de sa mère disparue durant la période de COVID. Si l’album prête à taper du pied, le chanteur zoulou profite de la bonne humeur générale pour y scander ses démons.

Après des collaborations notables comme avec Chris Martin, Stormzy ou encore Damon Albarn, Muzi signe un disque qui parvient à mêler authenticité et goût pour des sonorités par-delà ses propres frontières. Un tour de force rare qui nous attache un peu plus à cet artiste rêveur, les yeux tournés vers le ciel pour autant de raisons qu’on peut l’imaginer.