ADN #494 : Slogan

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteurs de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. À quelques jours de leur premier concert parisien au POPUP du Label ce lundi 3 octobre, le duo lyonnais Slogan nous présente les titres qui les ont marqué•e•s.

Slogan par Camille Stella
Crédit photo : Camille Stella

Spice Girls – Love Thing

Il faut savoir que Virgin voulait faire de cette chanson leur premier single à la place de Wannabe ! Mais les Spice Girls (l’histoire le dit) n’ont rien lâché et ont insisté bec et ongle pour qu’il n’en soit rien. L’histoire n’aurait sans doute pas été la même, et leur succès non plus, mais pour autant, on aurait aimé être DA à Virgin à cette époque pour insister et en faire un second single ! On ne comprend pas le texte quand on a 6 ans, mais quelques années plus tard on se rend compte que ça parle de plan cul avant même l’invention du terme !

Même si le truc a été marketé à fond, il ne faut pas oublier que toute une génération de gosses a découvert (sinon compris) le mot féminisme avec leur « Girl Power« . Et ce qui est marrant, c’est que là où l’hyper-starisation de la musique a débuté avec les Beatles, l’hyper-starisation éphémère est arrivée avec ces filles-là,  ça raconte vraiment quelque chose de notre génération et de ce que ça promettait pour la suite…

Vincent Delerm – Les filles de 1973 ont trente ans

Tout le monde connait Delerm en tant que plus grand namedropper du pays, nous on le voit plutôt comme un des songwriters pop les plus talentueux de sa génération. C’est le genre de chansons que tu découvres à l’arrière de la voiture des parents quand tu pars en vacances en Bretagne, que tu fredonnes alors sans trop piger, mais qui revient te saisir à ta première rentrée au collège/au lycée… Dans ce titre il réussit un truc qu’on adore : il zoome pour dire l’universel, il part de détails et de codes hyper précis et arrive à emmener tout le monde dans une saga, ce qui est très fort.

The Beatles – I Am The Walrus

Même si on adore écouter plein de choses obscures, on est quand même de la même école que notre ami Jérôme Attal : on aime les tubes. Et les plus forts dans ce domaine sont aussi ceux qui en ont inventé tous les codes, aussi bien artistiquement que techniquement, les Beatles ! Cette chanson n’est pas la « meilleure » ou la plus folle de leur répertoire, mais quand on en connaît la genèse elle prend tout de suite une autre dimension. La pop c’est pas que des titres, c’est plutôt des titres en résonance avec un temps. Cette chanson a été produite juste après l’enterrement de Brian Epstein, leur manager légendaire. Et le producteur George Martin n’en était pas très fan au début. Bref, c’était mal parti, mais ils ont réussi à utiliser leurs larmes pour faire un hymne, et se sont servis d’une compo un peu pauvre pour tout transcender à l’étape de l’arrangement, c’est beau. 

Les Demoiselles de Rochefort – De Delphine à Lancien

On parlait de chanson « saga » pour le titre de Delerm, mais là on est carrément dans une oeuvre « monde ». C’est à dire qu’en plus de te transporter dans une époque, Les Demoiselles de Rochefort re-créent tout un univers semblable au nôtre, mais où tout pimpé ! C’est le genre de chanson dans laquelle on a envie d’habiter, qui rend le monde réel un peu fadasse dans un premier temps (quand on est petits) mais qui, quand on grandit, vient l’éclairer avec tendresse. 

Et puis le sujet du titre est incroyable car tellement désuet pour une chanson de rupture : on ne se correspond pas, alors quittons nous, pas de drame outre mesure, on est dans une comédie musicale mais à la fois (et c’est très fort) dans la vie la plus triviale qui soit. 

Muse – Uno

Encore un groupe anglais haha! Il faut oublier quelques secondes l’énorme machine que Muse est devenue, pour se rappeler la bande de losers que ces mecs-là étaient au début et à laquelle toute une génération d’inadapté•e•s s’est identifiée. Au collège il y avait les gens qui écoutaient les trucs cools comme System of A Down, Sniper… et les gens chelous qui se teignaient les cheveux en rouge comme Matthew Bellamy et qui se faisaient harceler entre deux cours. On a parlé de chanson monde, ce groupe réussit lui à faire ça avec l’ensemble de ses titres et les fans se sont tellement emparés de cet univers-là qu’iels ont réussi à créer une mythologie précise et codifiée autour du trio : par exemple, avant même d’avoir entendu la première note de guitare, juste avec le mouvement de la main, iels savent quelle chanson va être jouée. Bref on vous le disait, les fans de Muse sont chelous. 

Uno est un titre intemporel, un peu absurde avec son côté tango, mais on ressent même après la millième écoute l’urgence de ce titre : c’est une chanson d’ado, Bellamy l’aurait écrite lors de son premier roadtrip en Europe.. on est loin des stades. 

Parisien•ne•s, rendez-vous le 3 octobre au POPUP du Label pour une soirée en tête à tête avec Slogan et leur piano (et Oré à ne pas manquer en première partie) !

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