ADN #611 : VV Leather

Pour le premier morceau j’ai voulu commencer par quelque chose qui me représente bien et fait partie intrinsèquement de mon histoire d’amour avec la scène, les guitares et la musique au sens plus large. J’ai mis un certain temps à comprendre ce qui se passait à l’intérieur de moi quand je commençais la guitare électrique et c’est après m’être intéressée au travail de Lou Reed, aussi bien ses textes que sa musique, que j’ai commencé à entrevoir ce que j’y cherchais et pouvoir y mettre des mots. Il continue de m’inspirer, son mystère et à la fois cette façon unique de venir droit au but, sa nonchalance et sa sensibilité. Dans DIRT, Lou règle ses comptes avec son ancien manager Dennis Katz, il y a cette attitude provocatrice, j’adore. Pour l’anecdote j’ai vu Reed au Printemps de Bourges et ce fut une catastrophe…

Quand j’ai découvert le travail de Dylan Hadley au sein de Cate Le Bon, j’ai vraiment eu un gros girl crush pour son jeu à la drum si particulier. J’ai des goûts très spécifiques et quand j’accroche à l’univers d’un artiste généralement je ne me trompe pas et elle en est un très bon exemple. Lorsque j’ai creusé un peu je me suis rendue compte que c’était la sœur de Tim Presley de White Fence, un autre artiste que j’affectionne beaucoup (achetez son dernier livre il est sublime ! ) et j’ai découvert son projet Kamikaz Palm Tree que j’adore.

De là, j’ai été introduite au jeu de Cole Berliner avec qui elle a monté le projet et que j’affectionne. Pour moi ils marquent beaucoup de points, il y a cette base de pop accessible qu’ils viennent complètement casser, c’est fucked up, original… leur musique m’inspire. De plus ils ont été rejoints par Sofia Arreguin, ancienne claviériste de wand avec qui j’avais joué à la Méca et que j’adore. 

Gustaf c’était la claque inattendue de l’année dernière. Un de mes meilleurs amis, Logan, avec qui je joue dans YAR m’a fait découvrir ce groupe, on est allés les voir avec des potes à Petit Bain et ça a été une explosion pour moi. L’énergie, les paroles, l’équilibre du groupe, j’ai dansé de tout mon corps. La fois suivante, j’y ai emmenées mes copines et ma mère, on s’est tellement lâchées sur le dancefloor qu’une d’entre elles s’est presque évanouie à la sortie.

L’album a tourné en boucle dans mon casque, ma voiture et toutes sortes de Dj Set et fêtes cet été. Chantées à pleins poumons avec mon meilleur ami Axel, les chansons sont des hymnes du quotidien tournés à la dérision. C’est intelligent et accessible tout en étant engagé. J’adore. 

Le rap et moi c’est une très longue histoire d’amour, c’est le premier genre de musique auquel je me suis accrochée, j’ai grandi à Montreuil (Montreuil Zoo !!), passé mon adolescence à faire le mur avec ma voisine pour aller traîner avec notre bande de potes en bas d’immeubles ou dans des appartes sans darons à écouter du son, expérimenter la vie sans supervision. On a eu la chance de grandir avant l’air google-apple-écrandanstagueule, on passait le temps d’autres manières et de la musique tournait en permanence.

Aujourd’hui je continue à en écouter beaucoup au quotidien et il y a tellement de femmes incroyables dans ce mouvement, qui sont clairement au-dessus, leurs flow… Ce flow qui se retrouve partout dans l’art qu’on joue d’un instrument, qu’on forme des mots avec sa bouche, qu’on glisse sur sa board ou sur sa toile… Je pense que ça vient d’une certaine liberté mentale. Du flow Doechii en a, et elle ose expérimenter comme sur cette prod en mettant des chœurs complètement perchés, des paroles féministes, c’est percussif, ça fait danser. J’aime beaucoup aussi Yucky Blucky Fruitcake d’elle. Elle vient d’Angleterre, la scène rap y est ultra intéressante en ce moment, surtout du côté des nanas, les codes des genres musicaux sont méticuleusement cassés un à un, là se créent des fusions, les gens communiquent.

Je pense que de manière générale chez les artistes récemment, il y a un refus de continuer chacun à évoluer parallèlement et une envie plus grande de créer en collaboration, ça me paraît naturel vu comment les nouvelles générations évoluent, l’art a toujours été le miroir de la société.

En 2020, je suis partie m’installer à Mexico City chez un de mes meilleurs amis pendant 3 mois, je suis tombée totalement amoureuse du Pays et depuis j’y passe un certain temps chaque année, les collectifs queers / féministes de la scène underground y sont pour beaucoup. Je ressens souvent une certaine frustration en France, comme si les choses n’allaient pas assez vite pour moi ici, là-bas j’ai l’impression d’avoir vraiment trouvé mes « peers« . Le rythme est soutenu et le niveau haut, l’art est vraiment pris au sérieux, très engagé, les médiums se mélangent, cette énergie, ce féminisme…

J’ai découvert Chiquita Magic par le biais d’une amie qui est sur le même label, j’ai immédiatement halluciné sur ses synthés. Il y a une claire intention de faire danser, hyper catchy et très bien curatée. Lorsque j’ai découvert cette chanson, j’ai tout de suite eu envie de danser dessus avec mes copines. J’adore la danse que ça soit en club, en gig ou chez moi, ça a une place importante dans ma vie, pour moi la musique et l’expression corporelle se complètent totalement. Chiquita sera à Paris en mai et on a prévu de se retrouver en studio pour collaborer, j’ai hâte !