ADN #53 : Supernova

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les cinq chansons qui les définissent et les influencent. Dans le cadre de la journée qui leur est consacrée, Supernova nous dévoile aujourd’hui les morceaux qui composent son ADN musical.

Holidays – Michel Polnareff (Martin)

On a longtemps expérimenté à deux, puis quand on a commencé à vouloir vraiment enregistrer des morceaux, l’exercice fut alors pour moi de mobiliser tout ce qui me stimulait musicalement, dans la recherche des textures sonores, des constructions rythmiques, sans jamais porter atteinte à l’identité des chansons de Paul, qui devaient selon moi rester de vraies chansons. Autant dire qu’une bonne partie du job consistait à savoir abandonner ses idées tout en gardant son enthousiasme. Ce que je visais pour Supernova, pas dans la forme mais dans le fond, c’est ce qu’a réussi Polnareff je trouve, en général, et dans ce morceau en particulier. L’équilibre parfait entre la chanson française, et des codes instrumentaux plus anglo-saxons, tout en restant chic, sans que l’un ne bouffe l’autre. C’est un exercice périlleux, et à ce titre je mets Polnareff tout là haut, avec quelques autres.

Elsa – Léo Ferré / Aragon (Paul)

J’ai découvert la chanson française sur le tard, notamment avec ce titre qui est à l’origine un poème d’Aragon, hommage à son épouse Elsa Triolet, femme de lettre Russe. Mis en musique et réinterprété par Léo Ferré avec l’accord du couple, Elsa apparait sur l’album Les Chansons d’Aragon enregistré en 1961. Si l’artiste aura tout du long de sa carrière sorti des albums avec ses propres compositions, il aura aussi réinterprété plusieurs poèmes de Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ou encore Ruteboeuf. Ici s’opère la parfaite alliance d’un texte, d’une mélodie et de son interprétation émouvante. J’ai souvent humblement singé (Pépé !) Ferré. Ce qui, je le conçois, donne une impression surannée à l’écoute de certains titres de notre EP. Le but étant tout de même d’éviter le pastiche tout en apprenant à utiliser la langue française sans barrière. Prendre la toute mesure de sa richesse pour élargir le champs des possibles.

Ultima Caccia – Giuliano Sorgini (Martin)

Un morceau avec uniquement de la batterie et des congas. Le son est beau, chaleureux, avec un joli contraste entre une source très proche et une autre dans la réverbe, mais surtout c’est le genre de morceaux vers lesquels je reviens toujours, pour me rappeler qu’il faut faire simple, qu’avec toujours moins d’instruments on peut sonner toujours plus grand, zoomer dans la matière, obtenir une musique qui respire. C’est quelque chose qu’on a beaucoup en commun avec Paul. Comme la plupart des musiciens, on veut toujours en faire plus quand on fait un morceau, c’est souvent notre piège. Avec le temps on apprend à faire de plus en plus simple.

Wild is the wind – Nina Simone (Paul)

C’est une composition du parolier Ned Washington et du compositeur Dimitri Tiomkin pour le film éponyme sorti en 1957. Nina Simone en proposera plusieurs interprétations qui à ce jour restent indétrônables. Avec Martin et quelques amis nous en avions fait une version au tout début de notre collaboration. Pour s’apprivoiser l’un l’autre, nous nous étions lancés dans l’exercice de style consistant à reprendre une chanson que nous considérions comme impossible à massacrer de par son essence parfaite. Ainsi nous avions toute liberté à bidouiller, triturer, expérimenter, éprouver techniques et idées sur des cobayes pour dans un second temps arranger nos propres compositions. On peut trouver notre version-éprouvette à nos noms Paul Hazan et Martin Balmand.

Use Me – Bill Withers (Martin)

Quelque part entre la soul et la folk, il est clairement dans le petit club de mes musiciens préférés. Il n’est pas rare que je pense avoir une idée pour m’apercevoir plus tard que j’avais pioché chez l’un d’entre eux:
Sur le titre Supernova, j’ai eu envie d’un pont instrumental qui illustre ce sentiment supernova, comme une montée de drogue, avec un arpeggiator très régulier, autour duquel la batterie danserait, avec des breaks à contretemps, en jouant deux fois moins vite. Ce n’est que bien plus tard que ça m’a frappé : c’était « use me » de Bill Withers.

Découvrir EP1 de Supernova :