ADN #488 : Lesser Evil

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’ils dévoilent aujourd’hui leur nouveau single, Fiction, les québecois Lesser Evil en profitent pour nous raconter leurs influences musicales.

Crédit : Ebru Yildiz

Radiohead –  Like Spinning Plates

Christophe : C’est certain que Radiohead a été extrêmement marquant, entre Ok Computer et Hail To the Thief.  Il y a beaucoup de chansons qui auraient pu être choisies ici.  C’est seulement après avoir entendu une version live de Like Spinning Plates que j’ai compris que leurs expérimentations étaient tout d’abord ancrées dans des chansons.

À l’époque, étudiant en saxophone jazz et avec aucune espèce d’idée des médiums d’enregistrement, je n’avais pas beaucoup d’emprise sur l’univers musical et technologique qu’exploitait Radiohead. Cette chanson, cette harmonie, ces sons m’étaient complètement aliens et fascinants.  Même aujourd’hui, je réécoute et je suis rempli d’admiration.   

Ariane : 2001, l’année de parution d’Amnesiac. Ma première année loin de la maison à vivre dans une minuscule chambre sur le campus du cégep. J’avais l’édition UK avec comme bonus track Like Spinning Plates, mais à l’envers, et donc avec la voix telle qu’elle a été performée et le beat à l’endroit. J’entendais donc cette pièce 2x par écoute d’album (chose que je faisais quasi tous les jours!).

Bref, ça évoque le début de ma vie d’adulte, l’ambition de faire de grandes choses et aussi la mélancolie d’être loin de chez moi. Christo et moi citons souvent Radiohead quand nous travaillons, ils nous poussent à aller au-delà de nos habitudes. Ils ont pavé le chemin pour toute une génération et on les remercie encore.

What a band.

Domenique Dumont – People On Sunday

Christophe : Cette chanson de Domenique Dumont touche à beaucoup d’idéaux musicaux, une élégance et originalité dans son identité, un minimaliste non ennuyant, des mélodies bien ficelées en longues phrases cohérentes, contrepoints modernes mais presque classiques. C’est une incarnation moderne de tellement de musiques de notre passé : Cluster, Harmonia, Mort Garson, Colleen

Harold Budd – Bismillahi ‘Rrarhmani ‘Rrahim

Ariane : Je suis une grande consommatrice de musique ambiante, surtout ce qui a été produit durant les années 70, en plein cœur du mouvement New Age. Le Rhodes, la harpe, les carillons et le saxophone n’avaient pas encore atteint leur statut cliché/surutilisé de la décennie à venir et on sentait un réel courant inspiré, investi et straight up rad. J’aurais pu choisir plusieurs œuvres, mais cet album de Harold Budd est assurément celui que j’ai le plus écouté. Un soir dans le parc de La Vérendrye, notre bandmate Simon Trottier a mis ce titre dans la van et ça m’a aspirée instantanément. Je suis accro depuis. 18 minutes de beauté.

Activity – Spring Low Life

Chistophe : J’adore le delivery du chanteur, le songwriting est délicat mais abrasif.  C’est un équilibre que l’on essaie toujours de travailler.  La savante production ne vient en rien affecter notre impression d’avoir en face une performance incarnée et sincère.  Ils feront la tournée américaine avec un groupe de Montréal que l’on affectionne beaucoup : SUUNS. 

Angel Olsen – Endgame

Ariane : J’ai toujours été obsédée par les voix, les émotions et les sous-entendus, d’où mon attirance pour les chansons à texte. Quand mélodies, mots et interprétations se fondent et flottent parmi des arrangements conçus sur mesure pour une voix, j’arrête tout et j’écoute…

Toutes les balades d’Angel Olsen sont ainsi construites. Elle nous fait vivre des courbes narratives, sans jamais trop comprendre ce qu’elle raconte, courbes qui mènent souvent vers la catharsis.

Quand All Mirrors est sorti, j’étais déjà une méga fan, mais je ne m’attendais pas à être happée autant. C’est probablement l’album que j’ai le plus écouté durant l’écriture de notre album. Les compositions sont intemporelles, la production est impeccable et les arrangements orchestraux sont sublimes. Endgame est l’exemple parfait de toute cette finesse qui enveloppe judicieusement la chaude et généreuse voix d’Angel : Life carries on just like a song I sing, but I don’t know.

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