ADN #470 : Lisa Ducasse

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Présente ce week-end aux Trois Beaux Days, récente lauréate du Grand Zebrock qui la verra jouer à La Fête de l’Humanité, Lisa Ducasse nous présente cet après midi ses influences musicales.

portrait Lisa Ducasse
Crédit : Barbara Martinez

Vers la beauté – Matt Holubowski

Lisa Ducasse : C’est une chanson que j’ai redécouverte récemment, dans un avion, après un voyage qui avait été très fort pour beaucoup de raisons. Depuis, je l’écoute souvent en boucle, lorsque je marche, lorsque je passe d’un lieu à l’autre.

Je crois qu’elle énonce quelque chose de fondamental pour moi dans le rapport à ma propre création et dans la manière dont on choisit de voir le monde – cette volonté de toujours aller « vers la beauté », et de concevoir cette dernière comme un refuge. Comme quelque chose qui tient plus du tendre que du grandiose.

La quête – Jacques Brel

Bon, là, pour le grandiose, on est un peu servis, puisque c’est une chanson issue de l’adaptation musicale faite de Don Quichotte, le roman de Cervantès, par Brel. Déjà, ça pose le cadre.

Brel fait indéniablement partie de mon ADN musical, et on retrouve dans cette chanson son écriture si singulière, tellement pointue et imagée à la fois. Quand il dit « et les villes s’éclabousseraient de bleu »… c’est tout le ciel de l’écoute qui se retrouve peint aussi.

Slackjaw – Sylvan Esso

Slackjaw, c’est une chanson qui parle d’émerveillement. Et comme tout émerveillement, je crois, provient d’abord du détail, de l’attention aux détails, c’est une chanson qui leur fait la part belle, justement.

J’admire beaucoup la façon qu’a Nick Sanborn, la moitié de Sylvan Esso, de travailler le son, la matière du son, en parvenant toujours, dans ce travail, à servir la justesse émotionnelle des morceaux et de l’interprétation qu’en fait Amelia Meath.

C’est un travail d’orfèvre. Pour moi ce morceau s’écoute le mieux au casque, et, comme les bons livres, on y trouve toujours quelque chose d’un peu différent à chaque réécoute.

La nuit je mens – Alain Bashung

Impossible de ne pas faire figurer Bashung sur cette liste. Le travail que lui et ses paroliers ont mené (ici, il s’agit de Jean Fauque) sur la création de chansons, en traitant là aussi le texte comme un tissu qu’on découpe, qu’on coud, en ayant ce rapport d’artisan aux phrases, donne des pépites comme La nuit je mens, dont personne ne s’accorde exactement à dire ce dont elle parle, mais qui ne laisse personne à l’abri de son magnétisme.

L’arrangement cordes de ce morceau est aussi une référence pour moi. Apparemment, les cordes n’étaient pas prévues au départ, et l’arrangeur, qui travaillait sur d’autres morceaux de l’album, a décidé d’en proposer en dernière minute, à la veille de l’enregistrement.

Tonada de luna llena – Simon Diaz

Cette chanson, c’est de la magie pure. A chaque fois que je l’ai entendue jouer en concert (par l’immense Caetano Veloso par exemple, ou en deuxième rappel, totalement a cappella, par La Chica), j’ai le corps qui tremble. Ça ne s’explique pas et je ne cherche pas forcément à le comprendre. Mais je ne pouvais pas parler d’ADN sans aussi parler de ces mystères musicaux qui peuvent être tout aussi formateurs de nos sensibilités à chacun, comme, parfois, de nos moments de grande émotion collective.

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