ADN #450 : Godzilla Overkill

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’il vient de dévoiler son nouvel EP, Fatalitas, Godzilla Overkill passe sur La Face B pour nous raconter ses influences musicales.

L’acqua Fresca – Mansfield.TYA 

Tout l’album Monument Ordinaire m’a mis une claque, et cette musique tout particulièrement. C’est vraiment une ouverture de disque incroyable, dans son intimité quasi angoissante mais aussi profondément réconfortante, tout comme l’amour peut l’être. J’ai une adoration pour la plume de Rebeka Warrior. Pour moi, c’est une des plus belles plumes françaises en ce moment. Elle a une justesse dans la formule, combinée à une mélancolie irascible, qui m’ont complètement envoûté. Le tout porté par les compositions de Mansfield TYA qui sont d’une élégance pure, tantôt froides et directes, tantôt tendres et fragiles. 

L’acqua fresca combine tout ce génie dans une chanson qui ressemble à s’y méprendre à une comptine. Mais pas de ces contes modernes qui souhaitent à tout prix éviter de choquer les enfants, au risque même d’être fades. Non, je parle de ces vieux contes qui ont pour objectif de raconter la dureté et la beauté de la vie, même aux plus jeunes. 

« Ma femme est une racine, ma famille n’est que poussière, mes amis sont des rivières sur lesquelles je vogue doucement. »

La classe. 

Résidents de la République – Alain Bashung 

C’est amusant parce que la première fois que j’ai entendu cette chanson, je devais avoir peut-être 15 ans et je l’avais trouvé ridicule. Surtout l’après-refrain, son ton nonchalant, presque croulant. Bashung, je l’avais vu sur Taratata il me semble, et je me disais qu’il avait l’air sénile de chanter de cette manière, que ça faisait vieillard. Je ne savais pas pour son cancer à ce moment, je voyais juste un vieil homme faire de la chanson française à guitare acoustique, mon Némésis de l’époque.

C’est des années plus tard, qu’au-delà de l’entendre, je l’ai écoutée. Et tout m’a percuté dedans. Toute ce que j’avais pu trouver repoussant m’a tout de suite conquis. L’interprétation tout d’abord, désabusée, flegmatique, à l’article de la mort, le sommet de l’élégance. Et puis ces phrases simples où les images sont immédiates. Sans oublier les détours dans certaines formules qui apportent une sorte de mystère, qui créent un décalage et qui rendent le texte impérissable. 

J’ai l’intime conviction que lorsque l’on a l’impression de tout comprendre dans un texte, il périme. Tant qu’il continue à nous intriguer, à nous faire réfléchir, c’est qu’il est vivant. 

Only Seeing God When I Come – Sega Bodega

En terme de production, c’est l’artiste qui m’a le plus subjugué, mais aussi le plus inspiré dernièrement. C’est un excellent producteur, il est ultra imaginatif dans ses arrangements, ce qui est toujours appréciable. Au-delà de ça, il utilise cette créativité au service de son propos, ce qui rend sa musique tout simplement magique.
Ce morceau est d’une simplicité cristalline, d’une légèreté angélique, avec une ritournelle mélancolique irrésistible. Il donne envie de fermer les yeux et de nager dans du coton, ou bien alors c’est ce qu’il nous permet de faire, tout simplement.

Don’t Wanna Breathe – Kodak Black

Kodak Black a vraiment l’aisance d’un surdoué, comme s’il était né en chantant au lieu de pleurer, la première fois qu’il a respiré. 

Don’t Wanna Breathe c’est une chanson d’amour aux paroles simples, d’une naïvité poétique qui ne peut être que sincère. Peut-être la seule poésie qui vaille, en définitif. 

Dans son interprétation, on a presque le sentiment d’une improvisation, tant la nonchalance de ses placements paraît spontanée, ce qui rend la chanson encore plus touchante.
Le refrain est d’un romantisme enfantin et nous donne l’impression de l’avoir soi-même écrit :

I don’t wanna live, if I can’t be with you
Shawty, I don’t want no air, if I ain’t breathing you
Shawty, I don’t wanna dream, if I can’t sleep with you
Shawty, I don’t wanna see, if I ain’t seeing you

Parano – SCH

C’est le morceau que j’ai le plus écouté depuis un an, il peut accompagner chaque moment de ma journée, chaque émotion. Si j’ai besoin de mélancolie, il est là. Si j’ai besoin d’une hargne revancharde, il est là. Si j’ai besoin de mélodie, il est là. Si j’ai besoin du bruit d’une voix désenchantée, il est là. 

Comme SCH, j’avance sans père, sans mentor. Comme SCH, la paranoïa teinte mes prises de décisions, mes doutes, toutes mes hésitations. 

Il est la voix qui m’a le plus touché depuis longtemps, d’une manière intime et étrangère, comme une évidence qui peut néanmoins toujours vous surprendre. 

Et comme SCH, je t’aimerai toujours quand s’en ira la passion.

Découvrir FATALITAS de Godzilla Overkill :

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