ADN #292 : Villagers

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Fever Dreams, le cinquième album studio de Villagers vera le jour fin août. En attendant, le musicien partage avec nous son ADN musical en parallèle de la sortie de son nouveau titre So simpatico.

Villagers
Crédit Photo : Rich Gilligan

Radiohead – Subterranean Homesick Alien

Villagers:

FR : Lorsque j’avais quatorze ans, j’ai passé l’été enfermé dans une cabane à apprendre toutes les lignes de guitare d’OK Computer. Lorsque mon frère aîné m’a offert des tickets pour aller voir Radiohead jouer live à Dublin, ma vie a changé pour toujours. C’était mon groupe. Ils ont chanté exclusivement pour moi et à propos de moi; personne d’autre ne les comprenaient vraiment ni la connexion que nous avions établie.
J’étais amoureux de la musique de Radiohead, qui me disait que c’était ok de rêver grand et de rêver bizarrement. Subterranean Homesick Alien parlait à mon sentiment croissant d’aliénation et m’a gardés au chaud tout au long de ces années exaltantes.

EN: When I was fourteen years old I spent the summer locked in a shed learning every guitar line on OK Computer. When my older brother surprised me with tickets to see Radiohead play live in Dublin my life changed forever. This was my band. They sang exclusively for me and about me; nobody else truly understood them or the connection we made.
I was in a loving relationship with Radiohead’s music, which told me that it was okay to dream big and to dream weird. Subterranean Homesick Alien spoke to my growing sense of alienation and kept we warm throughout those heady years.

Björk – Pluto

Villagers :

FR : Quand j’avais quatorze ans, j’avais un Discman à CD que je transportais sur le chemin de l’école. Lorsque la cloche de l’école sonnait, je mettais mes écouteurs aussi vite que possible et je disparaissais dans un monde de possibilités et d’émerveillement.
Je vivais à l’intérieur de la musique d’une manière intense et dévorante; assez souvent j’avais envie de crier aux gens qui passaient: « Qu’est-ce qui ne va pas chez vous?!? Pourquoi n’écoutez-vous pas Björk!?! ».
Mais je ne l’ai jamais fait. Je fermais juste les yeux et flottais au loin. J’ai un souvenir très précis d’une descente de bus en rentrant de l’école un jour avec Pluto hurlant dans mes écouteurs, criant à l’intérieur de mon corps alors que le CD sautait d’excitation.

EN: When I was fourteen years old I had a CD Discman which I used to carry to and from school. When the school bell rang I would put my headphones on as fast as I could and disappear into a world of possibility and wonder.
I was living inside the music in a very intense and all-consuming way; quite often I felt like shouting at the passing commuters: « What’s WRONG with you?!? Why aren’t you listening to Björk!?! » I never did though.
I just closed my eyes and floated away. I have a very specific memory of getting off the bus on the way home from school one day with Pluto blasting through my headphones, screaming inside my body as the CD skipped from excitement.

Julee Cruise – Falling

Villagers :

FR : Quand j’avais sept ou huit ans, on me mettait toujours au lit quand Twin Peaks passait à la télévision. Mes frères et sœurs plus âgés regardaient et je devinais d’après leurs réactions qu’il y avait quelque chose d’unique à cette série. J’entendais la mélodie du thème traverser les murs lorsque que je m’allongeais dans mon lit en imaginant quel genre d’images l’accompagnaient.
Plus tard, quand j’ai finalement pu regarder la série, je n’ai pas été déçu, ni par l’album dont la musique du générique est tiré. C’est une musique à la fois menaçante et réconfortante et on a le sentiment qu’elle a été déterrée des recoins les plus profonds de l’âme inconsciente. Sa voix vient d’une autre réalité.

EN: When I was seven or eight years old I was sent to bed whenever Twin Peaks was on the television. My older siblings would watch it and I could tell from their reactions that there was something uniquely affecting about it. I used to hear the theme tune coming through the walls as I lay in bed imagining what kind of visuals were accompanying it.
Later, when I finally got to see the show, I was not disappointed, nor was I let down by the album from which the theme tune is lifted. This is music that is simultaneously menacing and comforting and there is a sense that it has been excavated from the deeper recesses of the unconscious soul. Her voice is from another reality.

Duke Ellington – Mood Indigo (the version from the album Masterpieces)

Villagers :

FR : Initialement intitulée « Dreamy Blues » en 1930, cette version de 1950 de Mood Indigo tourne sur ma platine depuis que j’ai eu l’album Masterpieces il y a quelques années. Je ne peux littéralement pas m’arrêter de l’écouter. Il y a quelque chose de profond et de sensuel dans cet enregistrement et cet arrangement. Je suis un grand fan de l’autodiscipline au travail et dans la vie et j’entends cette éthique générale dans tous les recoins de ce morceau.
Une structure et une séquence s’établissent rapidement et sont aussitôt interrogées de la plus belle et de la plus magistrale manière; cela ressemble à une clairière de fleurs tristes déracinées avec soin et amour et cela parle à mon âme chaque fois que je la joue.

EN: Originally titled « Dreamy Blues » in 1930, this 1950 version of Mood Indigo has been on repeat on my turntable since I got the album Masterpieces a couple of years ago. I literally can’t stop listening to it. There is something deep and sensual about this sound recording and arrangement. I’m a big fan of self-discipline in work and in life and I can hear this general ethos in every corner of this piece of music.
A structure and a sequence is quickly established and just as quickly interrogated in the most beautiful and masterful way; it sounds like a glade of sad flowers being uprooted carefully and lovingly and it speaks to my soul every time I give it a spin.

Mos Def – Umi Says

Villagers :

FR : Quand j’avais seize ans, cette chanson est passée sur MTV et a changé ma vie. C’est difficile de décrire ce que j’ai ressenti quand j’ai entendu ce morceau pour la première fois, mais cela m’a provoqué tellement de joie que je suis sorti immédiatement acheter l’album. J’étais obsédé. Il y avait tellement de choses à absorber en même temps que j’avais l’impression que ma tête allait exploser d’excitation; la production, les paroles, la livraison, l’instrumentation – le tout magistralement exécuté et rempli à ras bord d’une colère bouillonnante sous-jacente traduite en quelque chose de transcendantal. Cet album entier est à jamais un classique dans mon esprit.

EN: When I was sixteen years old this song appeared on MTV and changed my life. It’s difficult to describe what I felt when I first heard this track but it caused me so much joy that I instantly ran out the door to get the album. I was obsessed. There was just so much to take in all at once that I felt like my head was going to explode with excitement; the production, the lyrics, the delivery, the instrumentation – all masterfully executed and filled to the brim with an underlying seething anger translated into something transcendental. This whole album is a classic forever in my mind.

(Re)découvrir Villagers :

Découvrir notre chronique de The First Day de Villagers ici.

Pour découvrir d’autres ADN, c’est par ici.