ADN #184 : Floyd shakim

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Il dévoile aujourd’hui Enfants Perdus, nouvel extrait de son Ep, Les Funambules. Shakim se pose sur La Face B pour nous raconter les morceaux qui constituent son ADN musical.

James Blake – Retrograde 

C’est très compliqué de choisir un titre en particulier. James Blake ça a été une révélation quand je l’ai découvert pour la première fois, je me suis dit qu’il avait tout compris, et qu’il avait réussi à condenser tout ce qui pouvait me plaire dans la musique. La perfection dans le minimalisme, ses harmonies et ses mélodies soul/gospel du 21ème siècle, et une voix incroyable. Tu rajoutes à ça tout son héritage Anglais un peu club, et là tu obtiens un artiste génial. C’est sans aucun doute une grosse influence, que ce soit dans ses choix, le son, ou dans son approche de la musique en général. Arriver à être aussi bon avec si peu d’éléments, c’est très compliqué, et lui, il te donne l’impression de le faire naturellement, sans efforts. 

J’ai choisi Retrograde parce qu’il m’avait mis une vraie claque en live au Trianon sur ce morceau. Et ce gimmick de voix de l’intro c’est un bijou.

Lapalux – There are monsters in my bed  

Lapalux c’est un petit génie. C’est un producteur qui vient d’Essex en Angleterre. 

C’est sans aucun doute le musicien qui me procure le plus d’émotions. Et il le fait très souvent sans aucune voix.

Il a un son très particulier, très mélancolique avec des harmonies un peu indéchiffrables. J’ai l’impression qu’il raconte tout ce qu’il peut raconter avec ses machines et sa folie, et ça lui suffit. Je ne connais personne d’autre que lui capable de passer du R&B à la techno, en passant par l’ambient jusqu’à la trap, tout en restant reconnaissable et aussi brillant. C’est un génie de la production, c’est tout ce que j’aime. Lapalux c’est mon préféré, et il fait partie de mon ADN à tout jamais.

J’ai choisi ce son morceau parce que c’est le premier que j’ai entendu de lui, c’est sur son tout premier EP. Il y a plein de petits samples, une rythmique simple qui évolue vers la folie, une voix fantomatique, et de vraies émotions. Il ne triche jamais ce gars-là.

Frank Ocean – Provider 

Bon bah je suis obligé de parler de lui, je fais partie des gens qui ont écouté en boucle tout ce qu’il a fait ou presque. C’est une grosse influence à tous les niveaux. Je trouve Blonde  génial, j’ai dû l’écouter 40 fois (S/O Roy Vision) mais c’est ce morceau qui m’a accompagné plusieurs mois, ça doit être le track que j’ai le plus écouté chaque année depuis qu’il est sorti. C’est un morceau qui me rend heureux, même si c’est très éphémère, et bien ça marche à chaque fois (S/O Awir Leon). La prod est géniale, elle évolue tout le temps. Et en même temps ça reste très minimaliste au niveau de la sensation, mais tu peux remarquer la complexité que si tu fais bien attention, c’est très soigné, très beau, c’est fort. Et puis j’aime beaucoup sa façon d’écrire, c’est très imagé, il parle de tout et parle de rien en même temps, c’est à la fois très précis et très vague, mais il le fait bien. Ses ad-libs et ses back sont trop bien pensés, tout est au bon endroit. Et forcément j’adore sa voix, il a un grain particulier et une façon de chanter qui est très personnelle. Bref, Provider, ça m’a bien aidé ces derniers temps.

Nick Hakim – The Light  

Ce gars-là fait partie de mon ADN, pas que je lui ressemble musicalement ou au niveau du talent, mais parce que je l’ai tellement écouté que ça ne peut en être autrement. Je l’ai découvert chez mon pote Awir à Amsterdam (S/O Ikaz) on est arrivé chez lui un soir, et il nous a dit : « attendez avant toute chose, écoutez ça » et puis on a écouté ses deux premiers EP d’une traite, sans un mot, en début de soirée. Et à la fin de l’écoute on n’avait toujours pas de mots, c’est magnifique, c’est une ballade sur un nuage, un trip de LSD, je ne sais pas, je n’en ai jamais pris, mais ça ne doit pas être très loin de ça. Il a une voix incroyable, vraiment. Ce qu’il fait, s’apparente à de la soul, c’est très organique, très aérien, et très brut en même temps. Ce mec-là tu lui donnes juste une guitare et un micro et il te fait un concert incroyable. Et je pense que c’est sans doute un peu à cause de lui que je m’appelle Floyd Shakim.

J’aurai pu prendre n’importe quel morceau de lui, mais « The Light », c’est juste beau, il faut écouter, c’est thérapeutique. Mais pas remboursé par la sécu.

Travis Scott – Oh my dis side (feat. Quavo)  

J’écoute du hip hop une bonne partie du temps donc j’étais obligé de parler de Travis Scott.

Je trouve qu’avec ses deux premiers projets, Days before Rodeo  et Rodeo  il est arrivé avec un truc nouveau. Il était en plus bien entouré (Mike Dean, Kanye West). Son premier album est un classique pour moi, et il m’a beaucoup influencé dans sa façon d’utiliser les voix, le mixe, ça m’a pas mal inspiré. Il ne rappe pas spécialement bien, ce qui raconte est pas très intéressant la plupart du temps, mais c’est quelqu’un qui a une vision et qui a du goût.  Oh my dis side  je l’ai écouté avec Ikaz un soir, on est partis acheter l’album Rodeo, on l’a déballé et on a tout écouté d’un coup. Et on s’est pris une bonne claque. Ce morceau, c’est un film, c’est 4 morceaux en un. Il évolue sur 5’51, ça commence par un truc sombre, énervé avec un sample de guitare trafiquée qui te donne envie de vilipender un élu RN, et ça évolue vers un truc super R&B avec des mélodies, de la talk box dans le fond, des adlibs incroyable, une prod léchée de Mike Dean et Allen Ritter, et puis ça se termine sur des Rhodes qui se désaccordent dans les dernières secondes. C’est une ref pour moi ce track.

(Mention spécial pour Mac Demarco, Dr Dre, Arca, Coltrane, Moses Sumney, J Dilla, D’Angelo, Sampha, King Krule)

Découvrir Floyd Shakim :