ADN #167 : Franky Gogo

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Aujourd’hui c’est à Franky Gogo, qui vient de sortir son premier EP Fast and Too Much, de nous dévoiler son ADN musical.

Missy Elliott – Cool Off

Le titre est récent mais comme tout ce que fait cette personne, tout est beau dedans, le clip qui donne envie d’être parmi les danseur.ses, les couleurs, les pauses stretchées des drops de voguing, et puis la voix et le groove, la force en sous-texte. Bravo Missy, I love you.

Chico Buarque – Construção

La chanson est scandaleusement belle. 
Il est question d’un ouvrier qui se rend au chantier (chaque geste de sa journée est décrit), puis fait une chute de la grue. C’est très tragique, et on apprend à la fin que la seule conséquence de sa mort est qu’elle a pertubé le trafic automobile du samedi. Tout est terrible mais l’arrangement est le plus fou, le plus audacieux. J’aime passionnément cette chanson et la voix imperturbable de Chico

Portishead – The Rip

La guitare un peu fausse à cause du nylon trop tiré et la toute petite note de synthé, au début, c’est déjà magnifique, ils jouent ensemble la grille d’accords, simple et sublime.
Beth Gibbons est merveilleuse, elle déploie sa chanson comme un petit accordéon de papier sans fin et j’ai le coeur tout serré, elle dit : « Wild, white horses, they will take me away… » Ensuite, comme si ça ne suffisait pas, l’autre synthé du scandale entre (c’est beaucoup trop beau, je crois que la marque est « Siel »), et c’est horrible tellement c’est beau. Puis la batterie et cette idée de caisse claire sans timbre. Merci pour la chiale.

Death Grips – Guillotine

C’est très sublime, mon dieu ! Mc Ride est assis dans une voiture et il va nous buter c’est sûr, si on pense à nettoyer l’image du clip (qui est sur-saturée et toute pixélisée). Moi je veux lui faire un câlin, tant sa performance, mêlée à celle du clippeur est tendue. Je fais une dépression instantanée mais je remonte la pente dans l’instant, c’est les montagnes russes du son, des micro-stops et du cri de Munch à la fois. Je veux être sur scène avec eux et jouer sur la même batterie que Zach Hill, pendant que l’autre se tape la tête par terre.

Dick Annegarn – La Limonade

Là je tiens immédiatement à m’excuser pour la beauté trop belle.
L’accordéon profond (Richard Galliano ?) égraine ses basses vers le fond des âges et la mélodie terrible (pitié, qu’elle ne s’arrête jamais !) nous raconte un endroit sur la terre, un endroit rêvé plein de bouillons, de marais, d’enfants et de bécassines, tous jouant sur le tableau. 
Dick Annegarn est un immense musicien, un chanteur insensé à la prononciation unique, spéciale, chant de pharynx, de nasales, de pays plat, pays natal.  Je l’aime. 

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