ADN #122 : Chevalrex

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Après avoir égayé notre été avec Providence, premier extrait de son album prévu pour 2021, Chevalrex nous confie les cinq morceaux qui constituent son ADN musical.

Crédit : Polina Panassenko

Charles Trénet – Je chante

Un souvenir : mon grand-père paternel faisant des claquettes en chantant cette chanson, mimant Trénet, sa gestuelle… Moi probablement en robe de chambre le regardant et riant. Moment parfait. Cette chanson porte en elle probablement bien plus que ce simple souvenir d’enfance. La noirceur du texte en contrepoint à la légèreté totale de la mélodie créait un choc esthétique profond dont j’ai pris la mesure bien plus tard. Je n’en reviens toujours pas de sa force et son audace.

Curtis Mayfield – Move On Up

Fin des années 80, début 90, dans la grande malle en osier qui contient les vinyls de mon père consacrés aux « bringues » où ils vont avec ma mère et où il passe parfois des disques, les grandes jambes et le pantalon jaune de Curtis sur la pochette marquent mon esprit. La musique est inouïe. Je ne comprendrai le texte que plus tard mais ça ne faisait déjà aucun doute. Parfaite réunion du corps et de l’esprit.

Dominique A – Sous La Neige

Alors que j’en suis à mes premiers balbutiements musicaux, je n’ai pas encore mon premier 4-pistes pour m’enregistrer mais ça viendra vite, ce disque m’ouvre un territoire infini. Les chansons du jeune Dominique A enregistrées dans sa chambre avec un mini synthé, un micro et une guitare sont une révélation. Elles résonnent en moi comme quelque chose de complètement familier. J’ai l’impression d’en comprendre chaque son, chaque mot. Pas besoin de plus pour me lancer et écrire les miennes.

Jonathan Richman – That Summer Feeling

Parce que c’est la grâce absolue. Je le relie souvent au Trénet solitaire, léger, profond, singulier, joueur… mais en plus contemporain et américain. La figure pop par excellence pour moi. Jonathan Richman s’est imposé à mes oreilles grâce à une super compilation de reprises que mon frère s’était procurée : Can you talk to the dude ? A tribute to Jonathan Richman & The Modern Lovers sortie par un label français, Aliénor Records, en 96, avec Les Little Rabbits, Married Monk, Jad Fair…

Penguin Café Orchestra – Penguin Cafe Single

Le professeur de philosophie que j’ai eu en terminale, après avoir écouté un minidisc plein à craquer de chansons et musiques que j’écrivais et enregistrais à l’époque, me parla de ce groupe dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Probablement un an après, à la Médiathèque de Grenoble, après avoir cherché ce disque un peu partout, j’ai mis la main sur leur premier album de 1976 avec ce morceau d’ouverture qui me fit comprendre instantanément ce qui avait bien pu passer par la tête de mon prof en me parlant de cette musique. Rencontre géniale entre l’expérimentation et la pop, la légèreté et le sérieux… 

Jim O’Rourke – Women of The World

En 1999, j’ai 17 ans et je passe l’un de mes derniers étés chez mes parents à Valence. La fonction Télétexte disponible sur la télé au salon semble complètement futuriste. Je passe du temps à y chercher des informations sur les programmes et à écouter la playlist qui est diffusée en toile de fond. Un morceau génial revient régulièrement. Je découvrirais quelques semaines plus tard qu’il s’agit de « Women of the world » de Jim O’Rourke et de son album « Eureka » qui ne me quittera plus. C’est bien des années plus tard que je découvrirai avec joie qu’il s’agit d’une reprise du poète et musicien écossais Ivor Cutler.