Les clips de la semaine #124 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 124 des clips de la semaine.

BEACH SCVM – Your Name

Pile pour le week end, les Beach Scvm ont sorti un nouveau clip encore bien inspiré de la vie nocturne… Your Name possède ces mélodies aussi nostalgiques que mélodiques si identifiables du groupe, avec la petite touche rock californienne. 4 appartements, 4 personnages comme liés par le destin. On sent qu’une sortie se prépare, mais au lieu de s’adonner à l’allégresse, on sent que le cœur n’y est pas tout à fait. Entre les fringues sales, les restes de pizzas froides et les coussins trop mous, les 4 protagonistes semblent exploser intérieurement (puis extérieurement) comme liés par un même feu intérieur. Évoquant la rupture et l’envie de s’éloigner de l’autre le temps de se reconstruire, les Beach Scvm sont plus intimistes et délaissent un peu le soleil pour se confiner dans une noirceur réconfortante. Il faut croire qu’ils ont encore beaucoup de choses à nous dire et nous raconter…

Wet Leg – Ur Mum

On est habitués. Nouveau single, nouveau tube pour le duo de l’Ile de Wight. Pour la sortie de leur premier album, Wet Leg dévoile le long clip de Ur Mum. Un titre rempli une nouvelle fois d’humour mais surtout de sarcasme. Rien que les premiers mots renvoient n’importe quel individu à sa place, Poutine y compris : « When I think about what you’ve become, I feel sorry for your mum ». Le clip empile les références à l’univers du groupe entre les vestes Angelica, la ville de campagne des artistes et la brique de lait Ur Mum etc…On vous laisse les trouver

C’est l’histoire d’un petit merdeux qui met le bazar dans les rayons du supermarché et se moque du rouge à lèvre de Rihan à la caisse. Le karma vient le frapper sur sa chute minable qui s’ensuit. Lava La Rue (oui, oui) qui s’est occupée de cette réalisation, a voulu donner une esthétique des films indépendants comme Napoléon Dynamite et y placer astucieusement la défaite de la masculinité toxique. L’effet est réussi et on se délecte des mésaventures de ce jeune mal éduqué qui en prend pour son grade. Bien fait, petit con.

Laura Cahen – Nuit Forêt

Nouvel extrait de son formidable album Une Fille, Nuit Forêt est superbement mis en image par Mark Jackson qui a su porter sur écran toute la finesse et la sensibilité de la chanson. Structurée avec seulement deux longs plans séquences et portée par la voix si suspendue et si touchante de Laura Cahen, la vidéo nous transporte dans un monde de l’entre-deux. Entre songe et éveil, nous suivons l’étonnante Hafsia Herzi dans son parcours la menant au travers d’une forêt vers un étang. Dans ce demi-sommeil, les sensations s’entremêlent devenant alternativement rassurantes ou inquiétantes. Une forêt est un havre pour la faune et la flore qui y vivent, mais dans la pénombre les ressentis changent et l’émoi s’installe. L’immersion dans l’étang tient de l’allégorie du baptême, le mystère entoure la purification par l’eau et la renaissance symbolisée par les rais de lumière illuminant le visage d’Hafsia.

La chanson Nuit Forêt porte en elle ce style narratif qu’affectionne particulièrement Laura Cahen. Celui d’un récit proche du conte où les métaphores se dissimulent sous de multiples formes. À nous de les découvrir et de les décrypter. C’est ce cheminement personnel qui fait que nous nous approprions avec tant de force ses chansons et qu’elles deviennent ainsi nôtres.

Enchantée Julia – PLUS FORT QUE MOI

Le RnB à la française se porte à merveille en ce moment surtout lorsqu’il se pare de la couleur des contre forts des mont du Forez. Epaulée par les Stéphanois Fils Cara avec qui elle a partagé sa plume et Terrenoire (accompagné de Bastien Cabezon) à la production, tous les astres se sont alignés pour qu’Enchantée Julia nous libère un puissant Plus Fort Que Moi. « J’veux pas qu’on s’limite », un appel à un lâcher prise amoureux lancé de sa voix à la texture légèrement voilée. Elle nous emporte, entourée d’un décor rose charnel, dans un tourbillon sonore aux multiples breaks musicaux. Étourdis nous en ressortons charmés par une Enchantée Julia qui réussit, pour notre plus grand plaisir, une fois encore à se réinventer.

Monolithe Noir – Live at the Freehouse

Ce Dimanche, pas vraiment de clip mais un live de Monolithe Noir qui nous permet de découvrir le nouveau line up de la formation d’Antoine Pasqualini. Un batteur et un claviériste en plus ça vous change la vie et ça permet à la musique du trio de gagner en vie et en matière organique. Cette session live s’inscrit dans le teasing de la sortie du troisième album de Monolithe Noir qui paraîtra à l’été : Rin. Plus mélodiques, travaillés différemment, ils apportent un autre regard, peut-être moins sombre à la musique du projet qui conserve néanmoins son âme très électronique et éthérée. Ce changement, on l’accueille avec beaucoup de plaisir, comme une bouffée d’air frais qui vient rajouter une couche de vernis supplémentaire sur l’esthétique du projet, un côté transe / hypnotisant qui pourrait presque faire programmer le trio dans des festivals psychés. Qui sait, peut-être est-ce la prochaine étape pour eux ?

Dana Gavanski – I Kiss the Night 

Dana Gavanski continue d’égrainer les morceaux qui composeront son prochain album. Elle nous présente cette semaine I Kiss the Night, une chanson douce et envoûtante écrite en honneur de la nuit : « C’est une ode à la nuit, à l’apprentissage de sa magie, et à l’effroi de la solitude dans une tempête d’hiver » écrit la musicienne basée à Londres. 

C’est Gaia Alari qui réalise la vidéo (elle avait déjà réalisé celle de I Talk to the Wind, reprise de King Crimsonfigurant sur Wind Songs) en 1700 images dessinées à la main qui défilent en une magnifique animation minimaliste et poétique. 

When It Comes, vera le jour le 29 avril, et après avoir écouté en boucle Letting GoIndigo HighwayUnder the Sky puis I Kiss the Night, on le prédit sublime…  

The Smile – Pana-Vision 

Pour ceux qui vivait dans une grotte ces derniers temps, The Smile est le groupe formé par Thom Yorke et Jonny Greenwood (de Radiohead) et Tom Skinner (le batteur des géniaux Sons of Kemet). Les trois musiciens teasent leur projet en sortant des titres au goute à goute, en jouant une poignée de concerts exclusifs visibles en streaming dans le monde entier, ou dernièrement en organisant une tombola géante, faisant gagner à 400 heureux élus un quarante-cinq tours des titres You Will Never Work In Television et The Smoke.

Pendant ce temps là, on attend de pied ferme la sortie de leur premier album produit par Nigel Goldrich dont la date n’a pas encore été annoncée…

Une chose est (quasi) certaine, c’est que le super groupe se produira en France en juin et toutes les dates sont bien sûr sold out… Vous avez vos billets ? 

Chiloo –Bah Ouais

Deux ans après son EP Promesse à tenir, Chiloo est de retour avec le titre Bah Ouais. Un son qui fait attendre à merveille son futur premier album Genèse. Pour patienter, il délivre un son qui respire ces soirées d’été à chiller dehors en compagnie de ses potes ou de sa moitié.

Réalisé par Célestin Soum, le clip reste dans la lignée des autres vidéos du jeune rappeur qui sont tous très visuels. On découvre le rappeur assis sur son lit en pleine dispute amoureuse avec sa copine. Après une transition parfaitement calibrée, Chiloo se retrouve dans son salon assez vintage en compagnie de sa petite amie qui semble enfermée dans une prison de lumière. Une belle métaphore sur les relations amoureuses qui sont parfois compliquées à vivre et à démêler. Mais, plus le clip avance, plus la relation va évoluer vers quelque chose de beaucoup plus paisible ,où l’artiste rappelle aux spectateurs qu’après la tempête vient le beau temps.

À 22 ans, le parisien ne cesse d’étonner avec des styles aussi surprenants que variés. Une chose est certaine, beaucoup de personnes attendent avec impatience son nouveau projet, peut-être la première confirmation de sa prometteuse carrière.

The Kooks – Modern Days

Si le rythme est chaloupé, le clip de Modern Days, lui, nous plonge dans un quotidien gris dont on rêve de s’échapper.Les Kooks reviennent cette semaine avec une vidéo plutôt simple. On les suit durant 3 min sur un trajet dans un wagon de métro délabré et des lumières vacillantes qui mettent peu en confiance. Paradoxalement, les sonorités groove et lumineuse de Modern Days apporte un souffle de fraîcheur dans la discographie du groupe, plus de 15 ans après la sortie de Inside In/ Inside Out. D’ailleurs pour fêter cet anniversaire, le groupe prévoit la sortie de 2 EPs (dont Modern Days) d’ici juillet qui seront compilés avec 4 nouveaux titres pour former leur 6eme album qu’on a hâte de découvrir. 

A VOID – Newspapers

Le trio frenchie britannique A VOID n’a pas fini de nous déverser son rock grunge mélodique. Ils reviennent avec Newspapers, un son plus violent qu’à l’accoutumé… Selon les mots de Camille, afin d’exprimer son mal être et éviter l’autodestruction, elle a préféré détruire nos oreilles. Alors oui, avec sa batterie travaillée pour donner des illusions de double pédales, ses drops, ses guitares qui crissent, l’inspiration Métal est évidente. Pourtant par ses mélodies envoutantes on a plutôt l’impression de se faire emporter avec grâce dans une tornade. Le groupe se retrouve pour l’occasion dans un océan de papier journal, jusqu’au habits. Matière fragile, ils ne pouvaient évidemment pas résister bien longtemps à tout arracher dans un élan destructeur. Restera une question en suspens. Mais qui scream ???

RAMMSTEIN – Zick Zack

Ces derniers temps, nombreuses sont les célébrités qui ont voulu dénoncer les ravages de la chirurgie esthétique. Après The Weeknd et Madonna (ah, c’est pas le but ?), c’est au tour de Rammstein de s’affubler de leurs plus belles injections et fillers pour un concert d’anthologie. Ils apparaissent méconnaissables, les visages plus difformes qu’un Bogdanoff, vêtus à faire pâlir n’importe quel joueur de air Guitare. Après avoir inspecté leurs danseuses du Lido, toutes le nez refait, les voilà prêt à enflammer une EHPAD de métalleux. Alors que la foule se « déchaine », le visage de Till fond comme sous un micro-onde. Aux grands mots les grands moyens, il passe de force sous le billard pour s’agrafer les peaux tombantes et scotcher le tout. Critique facile, mais toujours jouissive, surtout passée sous le filtre hardcore de Rammstein.

Porridge Radio – The Rip

La formation de Brighton dévoile le deuxième titre The Rip de son prochain album qui sortira le 20 mai prochain. C’est Ella Margolin, la sœur de la chanteuse, qui a réalisé une nouvelle fois le clip. Tout semble être un mauvais rêve dans lequel on a du mal à s’y échapper. Dana Margolin court sur un tapis roulant en plein milieu d’un terrain de foot, la nuit, dans un brouillard terrifiant. Elle tente de s’enfuir face à ces personnes aux masques de papier maché qui la rattrape. Ses cris alertes menés dans son chant renforcent notre rage intérieure face à ces angoisses. Dans cette allégorie de la perte de contrôle, elle finira par être repoussé par ces inquiétants personnages avant de chuter dans le vide.

Joan Shelley – The Spur 

La singer songwriter native du Kentucky Joan Shelley, dont le dernier et excellent album Like the river loves the sea est sorti il y a trois ans déjà, fait son grand retour avec The Spur, premier single de son nouvel album éponyme annoncé pour juin prochain. 
Au son de sa guitare à résonateur métallique, la voix mélodieuse de Joan Shelley chante l’abandon, la liberté, le lien et l’espoir, à l’aune d’une période profondément trouble. La musicienneetson mari – le guitariste Nathan Salsburg – ainsi queleur nouveau né, s’étaient retirés dans leur ferme durant la période de pandémie, amenant Shelley à écrire autour des liens élémentaires qui sous-tendent sa vie : son mari, la terre autour d’elle, ses partenaires musicaux. 
Dans ce morceau aux accents country, Shelley évoque aussi ses inspirations : « mes amis et mes ennemis aussi » (« all my friends and my enemies, too« ), qui l’aident à nourrir un esprit de renouveau et forment des « éperons à ses côtés » (« the spur in my side« ). Sur des images de campagne bucolique, d’enfants riant, de dîners et de concerts improvisés au coeur de la nature, Joan Shelley, non sans reconnaitre les défis inhérents à toute vie, nous rappelle avec cette chanson l’importance des liens essentiels et des bonheurs simples, remparts face au chaos et aux inquiétudes d’un monde malmené.