6osy : « Au fur et à mesure je prends mes aises au micro »

Actif au sein d’une scène en plein boom, 6osy vient de livrer Argentique un projet qui voyage à travers les pensées du jeune artiste. On est revenu avec lui sur ce projet, son collectif et également sa façon de concevoir la musique.

@johanhrd
@johanhrd

LFB : Comment tu vas après la sortie du projet, tu as été content des retours ?

6osy : Ouais, je suis grave content en vrai, je ne m’attendais pas à autant d’engouement. Je suis assez content de tous les retours positifs que j’ai eu, le fait que les gens aient bien pris le projet et l’ont très bien accueilli. Je ne m’attendais pas à autant.

LFB : Pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitrais pas encore ?

6osy : Moi c’est 6osy, je fais de la musique depuis quelques années maintenant, depuis 2017 on va dire. Là j’ai sorti un EP il y a trois semaines, Argentique dans lequel il y a pas mal de souvenirs, de mélancolies. Si vous avez le temps d’écouter, écouter.

LFB : Tu fais partie d’un collectif, la DigitalWav, pourrais-tu m’en parler un peu plus ?

6osy : En gros la DigitalWav, c’est un collectif de 8/0 personnes. Comme le dit le nom « collectif », il y a des beatmakers, des artistes, des graphistes. Il y a vraiment des mecs qui s’occupent d’un peu de tout. C’est un collectif assez jeune en vrai, le plus jeune il a 16 ans. Il y a une bonne énergie, c’est un peu comme une famille, on est tous potes, avant d’être artiste ou de collaborer, on s’entends tous bien, du coup cela facilite les choses. On avance tous ensemble, c’est cool.

LFB : C’est important pour toi d’évoluer au sein d’une équipe ?

6osy : Ouais c’est important parce qu’en vrai aujourd’hui c’est impossible de tout faire tout seul. Puis d’avoir de la force pour avancer c’est important et du coup être entouré de gens qui pensent comme toi c’est positif, on se donne de bonnes énergies. Cela fait avancer tout le monde.

LFB : Tu me disais qu’il n’y avait pas que des rappeurs dans le collectif. J’avais envie d’en placer une pour Kodgy qui a mixé d’une main de maitre le projet. C’est une facilité pour toi de pouvoir compter sur des mecs qui savent à peu prés tout faire ?

6osy : Ouais carrément, en vrai le collectif se complète bien. Chacun à son domaine et y a des mecs comme Kodgy qui savent tout faire et c’est pas le seul, il y en a d’autres. C’est toujours bien, parce que du coup, t’es bien entouré, bien guidé, bien conseillé sur tes morceaux et vu que chacun fait un peu de tout, cela permet d’avoir un avis global et de prendre du recul sur ce que tu fais toi, c’est cool.

LFB : Le nom du collectif il évoque directement l’univers digitale qui est en pleine expansion en ce moment grâce notamment à Laylow. Est-ce que pour vous, cette ouverture technologique et les outils qui en ont découlé ont joués un rôle important dans votre développement musicale ?

6osy : C’est une bonne question ! En vrai ouais, on est la nouvelle génération issu des réseaux sociaux. Par exemple, la DigitalWav on s’est tous connus par Twitter. Donc sans cette ouverture digitale, on se serait pas connus. Y aura pas eu toutes ses avancées aussi, par exemple, là on fait de la musique, on est sur Discord, j’envois mes pistes à Kodgy puis il me fait un partage d’écrans et on fait le morceau ensemble. C’est vrai que c’est fort digitale parce qu’aussi il y a le confinement qui aide pas en ce moment. Mais ouais, je pense que le digitale c’est le futur.

LFB : Maintenant on va parler de toi. Tu es à l’aube de ta carrière, même si tu as déjà sortis des projets mais tu es arrivé avec une recette qui t’es propre. Comment tu as travaillé cet univers au fil des projets ?

6osy : C’est venu tout seul en vrai. Au fur et à mesure je prends mes aises au micro et sur les instrumentales et petit à petit j’arrive à savoir ce que je veux vraiment faire. Par exemple, là sur Argentique j’ai bossé avec pas mal de beatmakers et les instrumentales sur lesquels j’ai posé c’était des instrumentales sur lesquels je voulais rappé depuis longtemps. Avant j’avais peut-être pas l’expérience et le recul nécessaire pour faire des trucs comme cela. Je pense que cela vient avec le temps. En fait, je fais ce qui me plait, je me prends pas la tête. Et je m’en pas compte parce que je suis tout le temps dedans. C’est vrai qu’avec le temps et l’expérience cela vient tout seul, il y a beaucoup de morceaux qui sont passés à la poubelle.

LFB : Comment c’est la vie d’un jeune artiste qui se développe avec ses propres moyens ?

6osy : Je sais pas trop, j’ai un peu la même vie que tout le monde. Juste je fais de la musique. Pour l’instant c’est cool parce que je vois qu’il y a plus de gens qui m’écoutent qu’au début et je vois pas mal de retours des gens qui m’écoutent, cela fais plaisir.

LFB : Sur le projet, on sent que tu es un peu parasité par certaines pensées mélancoliques, c’est pas dur de se confier en sachant qu’autant de personnes vont écouter ta musique ?

6osy : En vrai non, parce que moi quand je fais mes morceaux , je les fais « pour moi », je suis seul dans ma chambre, je fais mon morceau et c’est un sentiment que j’extériorise. Après le morceau je le donne aux gens mais c’est un peu « thérapeutique ». C’est des sentiments que tu dis peut-être pas d’habitude mais qu’on retrouve dans la musique. Après les gens s’ils aiment bien tant mieux et s’ils aiment pas, tant pis. Cela ne me fait pas peur de « me confier ».

LFB : A l’inverse, comment tu ressens le fait que les gens peuvent s’identifier à ce que tu proposes ?

6osy : En vrai, quand tu m’as demandé comment était ma vie, je pense avoir la même vie que la plupart des gens et du coup je vis la même chose que la plupart des gens, donc, je pense que les gens puissent se reconnaitre dans mes morceaux. Je pense qu’il y a une personne qui est venu me dire que ma musique l’avait touchée. Je le vis bien, je suis content que les gens se reconnaissent dans mes morceaux, cela veut dire que je suis pas le seul et que cela les touches personnellement, cela fait toujours plaisir.

LFB : Dans les thématiques, l’amour revient souvent. C’est quoi ton rapport avec les relations amoureuses pour que cela impacte autant ta musique ?

6osy : En vrai, je sais pas du tout, c’est une bonne question ! C’est quand tu vis des déceptions un peu ou des choses qui te marquent, t’extériorises. C’est le domaine dans lequel je me sens le plus à l’aise de parole parce que c’est des choses que je vis. J’ai pour ambition de changer de sujets, de passé à autre chose parce qu’il y a des choses qui appartiennent au passé et il faut passer à autre chose. Mais ouais, j’aime bien parler d’amour parce que cela fait partie de la vie de tout le monde, on reçoit de l’amour tous les jours, parfois on en donne et on en reçoit pas. En fait, je parle de ce que je vis.

LFB : Côté musicale, tu as une faculté à trouver des mélodies assez originales, je pense à celle de Phone, c’est quelque chose qui te prends du temps et de la réflexion ?

6osy : C’est vraiment spontané. Phone quand je l’ai fait, j’ai mis l’instrumentale, je me suis mis devant le micro, j’ai lancé l’enregistrement, j’ai fait la topline sur tout le morceau en one-shot. Et c’est comme cela sur tous les morceaux que je sors. Pour le moment je me prends pas la tête avec la mélodie, c’est des mélodies que je trouve tout de suite parce que je trouve qu’il y a un bon feeling. C’est comme quand il y a un bon feeling avec l’instrumentale, j’enchaine, j’enchaine et les mélodies viennent toute seule. L’instrumentale m’inspire et je fais des mélodies.

LFB : En plus de tout cela, le projet est bien construit, cela t’as pris du temps de travailler cette direction artistique autour du projet ?

6osy : En vrai, au début je savais pas vers quoi m’orienter. Le premier morceau qu’on a fait du projet c’était Cobain et quand je l’ai fait, je me suis dit qu’il y avait un univers à construire autour de cela. Du coup, j’ai bossé d’autres morceaux, je crois que le deuxième c’était Pensées. Après j’ai du faire l’introduction et ainsi de suite. Dès que j’avais tous les morceaux que je voulais mettre dans le projet on s’est dit qu’on allait essayer de faire des transitions un peu stylé pour que l’auditeur reste à fond dedans du début à la fin. En vrai, cela a pris le temps qu’il fallait puisqu’on était tous un peu occupé à côté. Mais en soit, non, cela n’a pas pris temps de que cela. Puis, six titres c’est pas si long à faire.

LFB : On parlait de l’amour, c’est un thème assez universel pourtant quand tu en parles on sent quelque chose de différent, as-tu cette volonté de parler de sujets universels à ta manière ?

6osy : Ouais, carrément. Comme je te disais, je raconte des trucs que je vis et c’est un peu romancé. Du coup, ouais pour moi c’est important de faire mon truc à moi. J’essaye de le faire à ma manière et pas de m’inspirer de tel qui a fait cela ou cela. Comme je te disais, je me mets avec l’instrumentale, seul dans ma chambre, je fais une mélodie et je me concentre pour écrire sans m’inspirer de personne.

LFB : C’est ton troisième EP, c’est un format dans lequel tu te trouves bien ?

6osy : Jusqu’à présent l’EP c’était un moyen de livrer une carte de visite et aussi cela permets de rester efficace sur 5/6 titres. Quand tu es un petit artiste, pour se faire petit à petit un nom, c’est bien que les gens ne se lassent pas et les EP’s ça reste efficace. Mais, le prochain projet j’ai pour ambition de faire un truc plus long, pas un album mais pas un EP non plus, entre les deux. J’aime bien quand c’est efficace, quand j’écoute un projet, j’aime bien être concentré du début jusqu’à la fin sans avoir de moments où je m’endors, cela j’esquive. J’aime bien que chaque morceau soit vraiment propre, efficace.

LFB : Même si vous avez chacun votre univers, la musique que vous proposez avec la DigitalWav a une base commune. Certaines personnes sont encore un peu réticentes sur ce nouveau style. Penses-tu qu’ils comprendront dans 100 ans ou que cela restera assez niché ?

6osy : Je sais pas du tout. Même moi j’ai du mal à ce que les gens définissent un style comme digitale même s’il y a Laylow. Je me considère pas du tout comme un artiste qui fait du Laylow, cela n’a rien à avoir. En fait, dès que tu fais des trucs de niche, cela prend du temps, les gens se mettent dedans petit à petit. Je pense que cela prendra le temps qu’il lui faudra. Le temps qu’ils adhèrent au délire.

LFB : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

6osy : La réussite et la bonne santé surtout. C’est le plus important en vrai. Et je pense de la réussite et de la force parce qu’on en a besoin pour les futurs morceaux, les futurs clips, les projets et tout ce qui va se mettre en place par la suite.